Champions, les cyclistes du quotidien

Ils sont « dopés au plaisir de pédaler », les militants de la CREP (Collectif de réappropriation de l'espace public). Et dans le concert enthousiaste pro-Tour de France, ils ont décidé de faire entendre une petite musique différente... Hier matin, une dizaine d'entre eux se sont rassemblés place de la Bourse, près de la piste cyclable la plus passante de l'agglomération. Munis d'un porte-voix et de sifflets, ils ont encouragé tous ces cyclistes du quotidien qui pédalent pour rejoindre leur travail. L'un d'entre eux donnait le départ (au feu vert du pont Dauphine) et les autres applaudissaient ces sportifs anonymes. En retour, beaucoup de sourires, des sprints simulés et, peut-être, la gloire d'un jour. Un happening burlesque, qui avait aussi le don de questionner. Où est l'exploit ? Au coeur de ce peloton de 200 coureurs, souvent soupçonnés d'avoir recours au dopage et entourés d'un flot de voitures ? Ou dans la pratique quotidienne de la bicyclette, qui soulage la ville de la pollution et des embouteillages ?

« Mauvais braquet pour le tandem »

Six millions d'euros : c'est au bas mot la somme que coûtera aux Strasbourgeois l'accueil du « départ du Tour » dans la ville : ronds points, contribution pour l'organisateur, sécurité, remise en état provisoire des routes mais également mobilisation des services des sports, de la circulation et de espaces verts (qui y travaillent depuis des mois et ne sont pas comptabilisés). Furieux, les Verts, ont décidé eux aussi de faire entendre une musique différente. « Cet investissement est disproportionné, même pour un événement populaire, tempêtent-ils. « Le sport, le cyclisme, la promotion du vélo, les valeurs de solidarité et les « contribuables » strasbourgeois méritent d'autres attentions. » « Il est de certaines inaugurations  ou « grands événements » comme de la montée à vélo d'un col alpin », ironise Alain Jund. « A vouloir utiliser un braquet disproportionné aux capacités du coureur, c'est tout le peloton qui met pied à terre ! »

Dernières Nouvelles d'Alsace, 26 juin 2006