Pour un code de la rue... rue-topique !
5 juillet 2009 — vélo

Le groupe de travail de la municipalité sur le code de la rue a permis à certains élus et fonctionnaires de combler leur ignorance sur le sujet. Dernièrement, la ville a présenté son projet : quelques zones de rencontre symboliques et des zones 30 là où il est difficile de rouler plus vite... Avant de demander aux participants d’exposer maintenant leurs propres propositions ! Voilà celles de la CREP, dans l’esprit de la vélo-code-de-la-rue-tion de novembre.

Le code de la route, en réduisant la rue à sa fonction de circulation, a contribué à la colonisation des villes par l’automobile, avec son lot de pollutions, de nuisances, d’accidents et d’atteintes à la santé. Cette culture routière, où le puissant et le rapide priment sur le faible et le lent, voire l’immobile, étouffe la vie sociale dans l’espace public : les enfants qui jouent sur le pavé ont cédé la place à des norias de voitures à la sortie des écoles ; face au commerce du coin qui a fermé, se dresse un panneau publicitaire pour une grande surface à côté de l’autoroute. À l’heure où 80 % des Français vivent en agglomération, il est temps de restaurer le primat des fonctions urbaines de la rue sur le simple écoulement du trafic.

Pas de vie sans code de la rue !

Le code de la rue n’est pas un outil destiné à rendre à notre cité son prestige perdu de « première ville cylable ». C’est un outil qui n’aura de sens qu’au service d’un objectif politique fort : la reconquête des rues par les habitants, l’amélioration de notre cadre de vie et la relocalisation de nos activités quotidiennes à l’échelle des quartiers. Seule une application ambitieuse du code de la rue, faisant la part belle aux modes de transports non polluants, permettra une réappropriation de l’espace public pour une ville où il fera mieux vivre.

Apaisons la circulation

La probabilité de décès d’un piéton lors d’un choc avec une voiture est de 80 % à 50 km/h contre 10 % à 30 km/h : le 50 en ville... c’est imbécile !

- 1) Strasbourg zone 30

Limitons la vitesse partout à Strasbourg à 30 km/h ! Loin de constituer une utopie, cette mesure est facile à mettre en œuvre. À quoi bon écraser le champignon pour ensuite poireauter plus longtemps au feu rouge ? Les expériences, menées notamment en Suisse, montrent que la vitesse moyenne des véhicules ne diminue guère si la régulation du trafic est bien pensée. De plus, la pollution atmosphérique et le bruit seront réduits, ainsi que les accidents.

- 2) Les places en zone de rencontre

Les places de la ville se réduisent souvent à des quasi carrefours d’autoroutes ou bien à de vulgaires parkings... Aménagées en zone de rencontre et débarrassées du stationnement, elles redeviendront des lieux... où se rencontrer ! Sus à la vitesse automobile dangeureuse et dévoreuse d’espace. Place à la vie de quartier ! Place au commerce de proximité, où les habitants se rendent à pieds ou à vélo. Ajoutons des bancs et des arbres, voire des boulodromes ou des potagers à cultiver collectivement, et il fera si bon vivre à deux pas de chez soi, que plus personne ne se dé-place-ra en voiture jusqu’à un autre bout de la ville.

- 3) Les cours urbaines

Dans les rues résidentielles, la zone de rencontre peut se décliner en cours urbaines : il suffit de convertir en impasse ces rues, ce qui ne bouleversera pas la circulation à l’échelle de l’agglomération, et d’y limiter le roulage et le stationnement à la desserte des riverains, comme en Belgique. Chouette, une partie de billes au milieu de la chaussée !

- 4) Mettons les rues à nu !

La « rue nue » est débarrassée du marquage au sol, de la signalisation verticale et des feux tricolores. Pour quel résultat ? Un renforcement de la sécurité, doublé d’économies substantielles dans les aménagements ! Ces mesures ont déjà porté leurs fruits à Drachten, puis dans 100 autres villes aux Pays-Bas. Pourquoi ? Simplement car les conducteurs, privés de leurs repères routiers habituels dans ce monde déreglé, sont contraints de porter attention aux autres usagers de la voirie... La vitesse à tout prix cède la pas face au rythme des humains, la mixité des flux est une évidence, les « après vous je vous en prie » remplacent les insultes, la ville agressive et laide devient calme et belle.

- 5) N’oublions pas les zones piétones

Même à vitesse réduite, les autos ne sont pas les bienvenues partout. Les zones de rencontre ne sont pas adaptées quand les piétons sont très nombreux et majoritaires. Elles ne doivent pas se substituer aux zones piétonnes, ni servir d’excuse pour ne par piétonniser un secteur qui l’exige.

Limitons la place de la voiture

Une ville où il fait mieux vivre grâce au code de la rue ? Impossible sans une réduction de la circulation automobile ! Pour ce faire les moyens ne manquent pas, en plus du développement et de la gratuité des transports en commun, de l’extension du réseau cyclable et de la promotion de la bicyclette. Par exemple : généralisation du stationnement payant à toute la ville 24 heures sur 24 ; augmentation du tarif pour les résidents, modulée en fonction des revenus, du nombre de véhicules et des possibilités alternatives de se déplacer ; incitation à l’auto-partage et au covoiturage ; création d’un réseau vert inter-quartiers de rues-parcs réservées aux seuls usagers sans moteur ; limitation de l’espace dévolu à la voiture à 50 % de la largeur des rues lors des réaménagements, comme à Valencienne ou Bordeaux. Et bien sûr, il faudra en finir avec le stationnement sauvage !

Le code de la rue est à nous tous !

Suppression des feux tricolores et zone de rencontre au centre-ville... La tentation est forte pour nos élus de réduire le code de la rue à des mesurettes publicitaires.

- Une rue-topie à construire pas à pas

Le rapport de force est aujourd’hui si inégal, la voiture symbolisant encore toute puissance et liberté sans freins aux yeux des conducteurs, que le rééquilibrage des droits dans la rue, au profit des plus faibles, ne sera pas facile et ne se fera pas du jour au lendemain. Nos élus ont le devoir de se montrer pédagogues pour que changent les mentalités. Il s’agirait pour une fois qu’ils renoncent à « convaincre » à coups de « com’ », pour donner aux citoyens matière à réfléchir et à décider par eux-mêmes. Une étude sur les vitesses moyennes porte à porte et les coûts réels des déplacements, en fonction des différents modes de transports, montrerait que la bagnole est souvent la plus lente et la plus chère.

- Priorité aux plus faibles... socialement

À Strasbourg comme dans les autres grandes villes européennes, le centre-ville s’embourgeoise. Cette « ghettoïsation par le haut » relègue, vers une périphérie de plus en plus lointaine, une majorité de la population désormais ignorée de la sphère politique et culturelle. Avec pour conséquence un délitement mortifère de la société qui se manifeste par un vote extrême ou par l’abstention. Si le code de la rue ne s’applique qu’au grand centre de Strasbourg, il accentuera la gentrification des quartiers encore un peu populaires qui jouxtent le centre historique. Au contraire, dans les quartiers périphériques, il constituerait un outil de cohésion et de reconstruction sociale. À Berne, les rues sont transformées en zone de rencontre à l’initiative des habitants. Une telle démarche participative suscitera en nous le désir de nous réapproprier notre asphalte quotidien, pour construire une ville où la solidarité du sirop de la rue primera sur le repli sur soi vidéosurveillé.


Les propositions de la CREP et les documents distribués aux participants de l’atelier
PDF - 3.2 Mo

Avec le code de la rue, vous aurez plein de copains et les escargots sauveront la terre
HTML - 141 octets

« Où le chaos fait la sécurité » (DNA du 2 juin 2009)
PDF - 488.6 ko

De 50 à 30 sans changer la vitesse... (revue de Rue de l’avenir)
PDF - 148.4 ko

La définition de la circulation locale dans le code de la rue belge
PDF - 130.8 ko

Rue de l’avenir : « Zones de rencontre : trois ans d’expérience, quel bilan ? »
HTML - 130 octets

Un panneau « zone de trafic calme » à Fribourg en Brisgau
JPEG - 135.4 ko

Pas de code de la rue si le stationnement sauvage persiste...
HTML - 141 octets

La (non) réponse du maire à notre vélorution contre les bagnoles mal garées
HTML - 143 octets

La visite en Suisse du groupe de travail
HTML - 173 octets

Berthoud : La première zone de rencontre du pays
JPEG - 506.9 ko

JPEG - 508.9 ko

Berne : Le centre historique en zone de rencontre
JPEG - 588.1 ko

Berne : Et près de cent zones de rencontre résidentielles
JPEG - 517.6 ko

JPEG - 494.1 ko

JPEG - 539.6 ko

JPEG - 472.6 ko

Décoration par les habitants
JPEG - 504.1 ko

JPEG - 471.3 ko

JPEG - 507.2 ko

Les voitures roulent vraiment au pas
JPEG - 483.8 ko

Wabern : Le tram n’est plus en site propre et la vitesse est limitée à 30 km/h
JPEG - 522.6 ko

JPEG - 466.6 ko

Et pourtant la traversée de la ville ne dure pas plus longtemps qu’avant avec les feux !
JPEG - 562 ko

70 centimètres de sécurité...
JPEG - 530 ko

La bande centrale pour traverser où l’on veut facilement
JPEG - 502.1 ko

Köniz : 18 000 véhicules par jour, 30 km/h, plus de passages piétons (au centre)... et tout le monde est content !
JPEG - 560.6 ko

Bienne : La place centrale en zone de rencontre
JPEG - 499.3 ko

JPEG - 513.9 ko

JPEG - 491.9 ko

JPEG - 480.8 ko

JPEG - 546.2 ko

JPEG - 501.9 ko

Qui croirait que des milliers de véhicules passent ici chaque jour ?
JPEG - 494 ko

Des zones de rencontre à Illkirch (DNA du 10 juin 2009)
HTML - 120 octets

Et à Lipsheim
PDF - 186.1 ko