Quiz : qui a dit « la seule différence entre le cycliste et l’automobiliste, c’est que quand l’automobiliste transgresse les règles, il le sait » ? Un notable de l’automobile club ? Raté, c’est l’adjoint au maire Olivier Bitz, chargé de mettre en place un code de la rue à Strasbourg... Les préjugés anti-cyclistes d’Automobi-Bitz sont-ils compatibles avec cette mission ?
Monsieur Bitz, qui est aussi président de la commission de la sécurité routière de la CUS, n’envisage la sécurité des cyclistes que du point de vue du code de la route. Il n’a toujours pas compris que ce dernier est totalement inadapté à la ville, où doivent cohabiter piétons, vélos et véhicules à moteur. Après un an passé à conduire le groupe de travail sur le code de la rue, c’est un comble !
Il faudrait offrir à Automobi-Bitz une bicyclette avec des petites roues, pour qu’il réalise quelle bêtise il a dite, et se rende enfin compte des innombrables dangers que les bagnoles font courir aux cyclistes du quotidien. En attendant, rappelons-lui quelques différences élémentaires, outre les nuisances et la pollution, entre automobiliste et cycliste :
Malgré ces différences, automobiliste et cycliste paient les mêmes amendes, bien que les conséquences potentielles de leurs infractions soient sans commune mesure. Si quelque chose les distingue, c’est qu’une voiture, à 30 ou à 50 km/h, a emmagasiné une énergie des dizaines de fois supérieure à celle d’une bicyclette roulant à 20 km/h. Ça fait une différence pour celui qui se la prend dans la tronche !
Dans ce même article du journal, parce que les accidents de biclou ont augmenté de 16 % en deux ans, Olivier Bitz déclare vouloir protéger les cyclistes. Comment ? En « réfléchissant à la manière de les sensibiliser au respect du code de la route ». Fort de cette volonté pédagogique, notre élu s’en est donc allé menacer de contredanses, les vélos qui ne respectent pas le pied à terre obligatoire rue d’Austerlitz ! Que cette interdiction absurde soit méconnue de tous et que l’itinéraire par la rue des Bœufs ne soit aucunement indiqué, nous le constations déjà il y a un an, mais Automobi-Bitz s’en fiche...
C’est en effet commode, pour nos élus, de faire un foin d’une poignée d’accidents entre piétons et cyclistes (10 en 2008, dont la ville n’a jamais su préciser la gravité, contre 101 entre vélos et voitures, sur un total de 142 accidents impliquant un vélo). Car, si les cyclistes sont responsables de la moitié de leurs accidents, ils en sont toujours les victimes face aux véhicules à moteur ! Mais mieux vaut détourner l’attention des citoyens du vrai problème : s’il y a des blessés ou des morts à bicylette, c’est surtout parce que la bagnole prend toute la place en ville ! Et là, nos élus ne font pas grand chose... Rien contre le stationnement sauvage si dangereux par exemple (à propos duquel nous avions interpellé la ville lors d’une vélorution), sinon des paroles creuses.
Quant à la responsabilité des conducteurs... Feux grillés en masse (comme le révèlent les nouveaux radars), stationnement illégal (25 % à Strasbourg), téléphone au volant, dépassement de cycliste sans respecter la distance réglementaire d’un mètre, excès de vitesses, circulation sur les pistes cyclables (comme rue des Bouchers, à deux pas de la rue d’Austerlitz)... C’est sûrement la faute aux vélos ! Que pleuvent donc les amendes ! Et la ville prétend faire passer la part des déplacements à biclou de 10 % à 20 % ?
Que révèle le Bilan des accidents cyclistes sur la zone police de la CUS de 2004 à 2008, à qui le lit un tantinet plus attentivement qu’Automobi-Bitz ? Précisons que les chiffres sont présentés avec les vélos face aux « autres usagers » : voitures, camions, cyclos et piétons, tous dans le même sac ! Les « conflits cyclistes-piétons » sont étudiés avec plus de détails (page 27), mais nul « conflits cyclistes-automobilistes ».
Quand Olivier Bitz et ses collègues cesseront de voir la ville derrière leur volant, peut-être prendront-ils plus au sérieux nos propositions rue-topiques pour le code de la rue ... Cette pluie de contraventions masquerait-elle une absence de volonté politique ?