Strasbourg métropole ? La fête est finie...
5 octobre 2010 — urbanité

Adieu Strossburi, bourgade de province endormie. Il est temps de valoriser notre ville à l’international. Après la litanie des « Strasbourg capitale... » de n’importe quoi, Europe, Noël, vélo ou choucroute, vive « Strasbourg métropole » ! Hum... On n’a pas le cul sorti des ronces. Voila une saine lecture venue de « Lille métropole » pour mieux entraver ce que nos élus mijotent.

« Quand une rangée de CRS fonce sur la foule, le plus grand nombre sait encore comment réagir : on fait des barricades de fortune pour ralentir leur marche, on ramasse quelques pierres, des bouteilles et l’on se prépare à courir. Mais quand c’est un Lille2004-capitale-européenne-de-la-culture qui nous tombe sur le coin de la gueule — et ce pourrait aussi bien être un Genova2004-capitale-europea-della-cultura ou un Forùm-universal-de-les-cultures-Barcelona2004 —, nul ne sait trop comment s’y prendre. Chacun devine que c’est un sale coup qui se prépare et qu’il y a donc une parade à inventer, mais laquelle ? et contre quoi ? L’idée qu’ici le Capital n’avance plus à coups de canon, mais précédé d’une milice dansante, bruissante, bigarrée d’artistes en costumes et de branchés sous ecsta ne nous est pas encore familière. Quand nous entendons le mot “culture”, nous ne pensons pas encore à sortir notre revolver. »

Pour lire ce livre décapant dans son intégralité :
- La fête est finie...

Quel est le rapport ? C’est que de Tour de France en Rallye d’Alsace, de TGV en Vélhop, sans oublier cet élément essentiel qu’est la vidéosurveillance, la « politique urbaine » menée à Strasbourg mérite d’être mise à nue. Les projets immobiliers en cours, qui associent pouvoirs publics et investisseurs privés, en témoignent : pour les capitalistes la ville est une source de profits encore sous-exploitée. La gentrification, qui grignote les quartiers toujours plus loin du centre-ville, montre que cette reconquête de l’espace urbain au bénéfice des classes aisées laisse ses habitants sur le carreau.

« Thèse sur Lille2004 n°12 : D’un côté, la métropole ressemble absolument à un musée, de l’autre elle ressemble absolument à un chantier. Le musée et le chantier forment les deux faces d’une même impossibilité d’user, d’habiter. »

Notre invité de Démontons la vidéosurveillance ! le sociologue Jean-Pierre Garnier résume ainsi cette stratégie, dont la campagne « Strasbourg métropole » ou le rallye font partie :

« Le “projet partagé” destiné à souder la partie centrale et la périphérie des régions urbaines dans un “destin commun” n’est que l’application spatiale du principe cardinal appelé à régir l’ensemble de la vie en société sur la planète entière : la “concurrence libre et non faussée”. »

Où trouver ce livre en papier : à Lille, peut-être ; au Kiosque alternatif, pas si sûr ; auprès de la CREP. Deux articles de J.-P. Garnier : Les capitales du capital ; Un capitalisme festif. Et un bouquin : Atlas des nouvelles fractures sociales.