D’habitude, ils se planquent, par peur d’être chassés... Leur mode de vie n’est pas compatible avec le nôtre. On les montre du doigt quand on les aperçoit. Ils font peur.

On les avait pourtant relégués à la périphéries de nos villes, voire à la « campagne ». Ils ne sortaient plus que lorsque la lumière ne pouvait plus les éclairer. On les avait confinés dans le hors-champ des caméras de surveillance, ces empêcheurs de penser en rond.

On les croyait en voie d’extinction... puisqu’on préférait ne pas les voir, on les croyait disparus ! Ils sont les cafards, les cancrelats, les insectes, les vipères, les pies, ls oiseaux de malheur, les hyènes, les bêtes sauvages, les rapaces, les vrais loups, les renards. Ils guettent le moment propice pour agir.

Leurs yeux, loupiottes aperçues dans la nuit, nous inquiètent. Comme nous, ce sont des bêtes, mais nous ne pouvons les regarder en face. Leurs grands yeux lumineux nous aspireraient comme des moustiques happés par des phares.

Soudain ils refont leur apparition... Et ils s’affichent en plus ! Ils redécorent, recouvrent, transforment ce qui fait notre bonheur, ce qui nous illumine le cœur ! L’argent, les grosses cylindrées, les filles un peu dévétues, les crédits à la consommation, les promos sur le bifteack, le slip pas cher parce que cousu au Bangladesh pour être porté par Yannick Noah, le séjour de remise en forme dans un petit paradis qui pollue l’environnement d’un pays lointain.

Et tout ce bonheur nous regarde désormais à travers leurs yeux. Grands ouverts.