C’était comment la vélorution de printemps ?
22 avril 2006 — vélo

Sonnettes, fleurettes et cabanettes... Avec le retour des beaux jours, cette vélorution de printemps, balade bucolo-musico-manifestive, s’annonçait sous les meilleurs auspices, et nous n’avons pas été déçuEs !

La présence de près de 200 personnes, une belle affluence supérieure aux précédentes, est un premier signe positif. Des habitués et aussi beaucoup de nouvelles têtes, comme à chaque fois, ce qui pose une bonne question : mais pourquoi diable les gens qui participent à une vélorution ne reviennent-ils pas tous aux suivantes ??? Bon d’accord, si c’était le cas, nous serions 800, bonjour l’organisation...

Julien rappelle le pourquoi du comment nous sommes là et en particulier le discours vert de la mairie en opposition à une réalité moins rose : la bagnole fait son grand retour dans la « ville du vélo ». Les journalistes sont là, quelques-uns taillent le bout de gras avec eux. Le contenu de cette vélorution sera grandement édulcoré dans leurs reportages, un peu comme d’habitude, privilégiant le coté sympa-à-vélo au détriment du fond...

Puis Olivier, notre chef d’orchestre, donne avant le départ les consignes pour un événement musical sans précédent : le concert de sonnettes. Humour et bonne humeur sont aux rendez-vous, nous pouvons donc nous mettre en route, accompagnéEs d’une invitée imprévue : la pluie ! Et personne ne se réfugie dans sa voiture... Eh oui, le vélo, c’est par tous les temps, non mais ! Ceux qui ont pris la précaution de se munir de leur cape de pluie ne craignent pas les gouttes.

On descend tranquillement les gros boulevards du quartier de la gare, trois voies dans chaque sens pour les autos mais toujours aucune piste cyclable... Une première pause sur le parking de la Laiterie permet une illustration concrète d’une vérité vraie : un vélo prend beaucoup moins de place qu’une voiture. La preuve : 25 vélos tiennent sur une seule place de parking !

Vient ensuite le moment de remercier l’autoroute d’exister : grâce à elle, les joyeux vélorutionnaires ont pu rester bien planquéEs sous le tunnel pendant l’averse... TouTEs ? non ! Car une poignée d’irréductibles en tête de cortège avait poursuivi son chemin, bravant les conditions climatiques apocalyptiques pour montrer que le vélo, c’est par tous les temps. Et ils ont donc attendu sous les gouttes que les collègues les rejoignent, une fois l’averse terminée... Ah ben bravo ! Quel courage ! On reconnaît les poules mouillées. Mais passons.

Le passage par une grande artère (ici la route de Schirmeck) a toujours un côté jouissif pendant une vélorution. Prendre toute la chaussée, obliger les voitures à rouler à notre rythme, et rire joyeusement pendant que les automobilistes bouillonnent, c’est vraiment bon ! Certains leur distribuaient notre argumentaire, d’autres discutaient.

Et c’est donc tout guillerets que nous avons rejoint le lieu du concert vélophonique. Et là, autant vous dire tout de suite que dans 10 ans, il y aura toujours ceux qui y étaient, et ceux qui n’y étaient pas. Un grand moment, dirigé de main de maître par Il Maestro Olivio. A faire et à refaire ! Dring ! Dring ! C’était magique !

Après quelques tours sur le parking d’un supermarché, qui n’étaient pas du tout une manière subtile de gagner du temps car nous étions très en avance sur le planning mais bien une volonté de montrer que nos courses nous les faisons à vélo, une fin de parcours tranquille nous mène à Ostwald, dans la forêt du Kreuselegert.

Là nous attendent les campeurs perchés depuis des semaines dans un peuplier où ils ont édifié une vrai cabane, à 13 mètres de haut. Ce sont des militants d’Opale et d’Alsace-Nature qui bloque un chantier par leur action :

« Le tram à Ostwald : oui ! Un boulevard urbain : non ! Sauvons la forêt du Kreuselegert ! La construction de la nouvelle ligne de tramway à Ostwald ne doit pas servir de prétexte à la mise en place d’un boulevard urbain (pour, à terme, réaliser une liaison routière entre Lingolsheim et la bretelle d’autoroute au niveau du carrefour du Baggersee) où passeront 14 000 véhicules par jour et à la destruction d’une forêt naturelle qui abrite plus de 93 espèces d’animaux. »

On applaudit des deux roues ! La Bande organisée qui est aussi de la partie nous joue quelques airs. Des associations confrontées à la politique du tout-bagnole en Alsace prennent la parole sur leurs luttes contre des projets routiers d’un autre âge : comme dirait l’autre, nos dirigeants mènent encore « les mêmes politiques que dans les années 70 »... Au secours !!!

Heureusement, le traditionnel goûter final remplit nos cœurs et nos estomacs... (C’est-y-pas joliment dit ? Quoi ? Un peu fleur bleue ? Ah bon ? Ben tant pis, j’aime bien les fleurs.) Vivement la prochaine fois : ce sera le 24 juin, la vélorution d’été, spéciale Tour de France ! Terminons en citant Julos Beaucarne, inventeur du terme vélorution :

« La révolution passera par le vélo camarade, Ah la bicyclette ! Elle te permet d’aller cinq fois plus vite que le piéton, Tu dépenses cinq fois moins d’énergie et tu vas cinq fois plus loin, En vérité je te le dis camarade, la révolution passera par le vélo. S’coup ci ça va daller, el vi monde va squetter, tertous tertous inchenne, no dallons l’fait petter. »

Traduction des dernières lignes écrites en wallon : cette fois-ci ça va aller, le vieux monde va se briser, tout le monde, tout le monde ensemble, nous allons le faire changer.

Quelques liens : le mini historique des vélorutions sur Wikipédia ; un vélorutionnaire condamné pour avoir lancé un yaourt sur Sarkozy ; plus de 30 000 personnes vélorutionnent en Hongrie ; une vélorution interplanétaire, la Ciemmona, a lieu à Rome. Et rendez-vous le samedi 24 juin pour la vélorution d’été !


Avant le départ
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Elle est pas belle ?
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On n’est pas des « poulets mouillés »
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Concert de sonnettes...
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Avec le virevoltant...
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Chef de vélorchestre
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Quelques tours de parking
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Arrivée sous l’arbre
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La fanfare vélorutionnaire dans la tranchée
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Prises de paroles
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En attendant la vélorution d’été...
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Article paru dans les DNA du 23 avril 2006
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Dans L’Alsace quelques lignes sur le vélo...
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Et une page sur ceux dont le loisir consiste à détruire la planète !
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« Ma vie rêvée en ville » par Gilles Wallon (Libération 21 avril 2006)
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