Camé-ras-l’CUS !
16 juin 2009 — vidéosurveillance

Vendredi dernier, le conseil de CUS a voté une nouvelle extension du réseau de vidéosurveillance urbaine de l’agglomération. Une partie des caméras installées « provisoirement » avant le sommet de l’OTAN restera en place, tandis que de nouvelles iront épier deux ou trois « bandes de jeunes » abstentionnistes, dans des villages dortoirs de la CUS où la délinquance sur la voie publique frise le zéro.

Avant les municipales, le PS jurait-crachait qu’il réaliserait un audit sur le dispositif de vidéosurveillance. Les esprits rationnels avaient compris : « avant de rajouter de nouvelles caméras »... Perdu ! Déjà, juste après les élections, nos nouveaux élus s’arrangeaient fort bien de l’installation de caméras prévues avant le scrutin. Aujourd’hui, ils en rajoutent une vingtaine... Avec le fameux audit, voté en sus, histoire de faire passer le morceau ! Même pas la peine d’attendre la nouvelle bande d’experts à qui la municipalité confiera cette évaluation pour en connaître le résultat : il faudra encore plus de caméras. Au contraire, un jury de citoyens volontaires, disposant d’un accès libre aux statistiques de police ou au centre de visionnage des caméras, risquerait de conclure logiquement que la vidéosurveillance est inefficace et coûteuse.

De leur côté, les haricots Verts surgelés n’ont rien trouvé de mieux que de... s’abstenir ! Sans doute, le meilleur moyen de réaffirmer que, lors de la campagne électorale, ils réclamaient le démontage des caméras... Forts de cette radicalité, ils ont salué l’installation du « comité d’éthique », au lieu de fustiger ce comité en toc, dont le seul rôle est de légitimer la vidéosurveillance sous couvert de contrôle démocratique. Disposant d’une représentante au sein de cette instance, ils auraient pu témoigner de la supercherie : composition du comité, confidentialité des délibérations, dossiers de demande de caméras transmis à la dernière minute, avis rendus publics sans aucun argument, etc.

A l’heure où se tiennent de nouvelles assises nationales des villes vidéosurveillées, alors que le gouverne-ment, sur injonction de notre mini-président, arrose les communes de subventions pour tripler le nombre de caméras sur la voie publique, et tandis que le lobby des industriels tend à imposer le mot « vidéoprotection » voire « vidéotranquillité », la presse nous apprend, ravie, que le marché de la vidéosurveillance a progressé de 41 % en 2008... La question du bien-fondé de cette technologie serait-elle devenue taboue ?

Pour dépasser le piège du faux débat sur l’inefficacité, la CREP organisera à la rentrée prochaine, à la suite du succès de Ras les caméras ! en 2007, des rencontres intergalactiques contre la vidéosurveillance. Loin de lutter contre l’« insécurité », les caméras la renforcent : en soumettant les individus à des normes dictées par des intérêts privés, en brisant les solidarités, en renforçant les discriminations et en étouffant les libertés. Elles sont des outils de désintégration et de contrôle de la société, mis en œuvre par les pouvoirs publics au service de la pwofitatyon. La vidéosurveillance n’est pas une « protection », c’est une violence sociale !

Un site incoutournable : Bug Brother. À lire : deux articles de Noé Le Blanc, Télésurveillance et Sous l’œil myope des caméras ; une interview d’Armand Mattelart, auteur de La Globalisation de la surveillance ; Big Bauer is watching you, un criminologue bien en chaire. À écouter : Une histoire sociale de l’insécurité. Et aussi : Stasi 2.0 ; l’art des paranos ; ZUT. La lettre de la CREP au comité en toc : Vidéoprotection, piège à moutons !


Réponse du comité d’éthique en toc
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« De la vidéosurveillance à la vidéoprotection » (DNA du 13 juin 2009)
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« Vidéosurveillance : les Verts justifient leur grand écart » (paru sur le blog des DNA le 15 juin 2009)
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Dessin de la semaine (DNA du 14 juin 2009)
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DNA du 17 juin 2009
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Le texte de la délibération du Conseil de CUS
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Guide de la LDH pour s’opposer à la vidéosurveillance
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Le rapport bidon du Sénat
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