Odelettes à la petite vitesse
26 octobre 2009 — décroissance

Le dernier numéro de l’Adhésif sur le TGV a inspiré ces nouveaux vers à Claude Buridant, surpris que personne n’élève la voix, ou la voie, contre le culte immodéré de la vitesse pour riches, ravageuse du Kochersberg, en attendant le GCO, au détriment des transports de proximité.

Et pour quelques minutes de plus

Gagner quelques minutes pour voler du temps,
Le temps du business qui n’a pas de frontière,
Le temps du manager qui veut gagner du temps,
Car le temps c’est l’argent, et il faut qu’on le gère

Sans de vains gaspillages et autres contre-temps.
C’est le temps qui s’escompte dans la classe affaire,
Avec l’attaché-case, le portable sonnant,
L’ordi et son écran, sa bleuâtre lumière,

Et le TGV Est, de Paris à Strasbourg,
Continue à creuser sa tranchée monstrueuse,
Massacrant la campagne et ses prairies herbeuses,

Délaissant, en passant, villes, villages et bourg,
Tandis que le bas peuple, en de loingtains faubourgs,
N’a plus pour se mouvoir que des voies tortueuses.

La saucisse de verre

Qu’il vienne de Paris, de province ou d’ailleurs,
Arrivant à Strasbourg, la ville européenne,
Au sortir de la gare, le moindre voyageur
Découvre émerveillé une œuvre arachnéenne,

Une saucisse en verre allant par sa hauteur
Jusqu’au fronton d’une façade wilhelmienne
Au style Renaissance, mariant la rigueur
A la fine dentelle des acrotères hellènes.

Mais s’il sort de la place pour prendre du champ
Et pour mieux admirer l’auguste monument,
La saucisse se mue en baudruche compacte,

En Zeppelin verdâtre aux reflets aveuglants
Où se mirent les bâtiments environnants
Et qui par temps d’orage coule en cataracte.

D’autres vers de Claude Buridant : Mon joli quatre-quatre ; Avec mon p’tit vélo ; Poèmes vélorutionnaires. Et aussi : Paris accueillera début juillet 2010, pendant quatre jours, sa première masse critique universelle ! Si vous voulez y aller à vélo, contactez-nous...