Présentant les travaux de l’ADEUS sur l’avenir du vélo à Strasbourg, son président et adjoint au maire Robert Hermann a annoncé l’interdiction de la rue d’Austerlitz aux vélos ! Une mesure en contradiction avec l’esprit du code de la rue, qu’il nous promet pour 2009.
Le véritable code de la rue redéfinit le partage de l’espace urbain en donnant la priorité aux plus fragiles : d’abord les piétons, puis les vélos, et en dernier les voitures. Fondé sur le respect mutuel entre usagers de la rue, il réduit largement l’espace dévolu à l’automobile, pour le rendre aux piétons et aux cyclistes, obligés aujourd’hui de se marcher ou rouler dessus. À l’inverse, la mesurette de Robert Hermann relève d’une logique de ségrégation opposant piétons et cyclistes.
Pour justifier l’obligation faite aux cyclistes de mettre pied à terre, la ville et les commerçants de la rue d’Austerlitz évoquent de nombreux accidents : questionnés sur le sujet, ils peinent à fournir la moindre statistique, voire le moindre exemple ! En prônant « la sécurité avant tout », Robert Hermann semble oublier que le mode de transport le plus dangereux reste l’automobile. Dans cette rue, s’il y a bien un risque de se faire estropier, c’est par les camions de livraison qui foncent dangereusement.
Au lieu de cette oukaze anti-vélo, assortie de menaces d’amendes, la nouvelle municipalité aurait pu mener une campagne pour inciter les rares vélocipédistes trop véloces à imiter ces milliers d’autres qui, chaque jour, passent par là en roulant au pas. Il aurait suffi, à chaque extrémité de la rue, d’apposer de grands panneaux explicatifs et de poster, quelque temps, des bonshommes invitant les émules de Raymond Poulidor à mettre la pédale douce.
Nos édiles auraient aussi pu profiter de l’aménagement provisoire de la place d’Austerlitz pour rendre plus visible, plus sûr et plus agréable l’itinéraire cyclable qui passe rue des Bœufs. En fait, ils ont essayé, avec un peu de peinture blanche : les rares cyclistes qui comprennent le nouveau cheminement sont censés effectuer un premier virage à angle droit, puis un second pour grimper sur le trottoir, avant de se faire couper la route par les voitures... Quant aux automobilistes qui roulent sur la piste cyclable rue des Bouchers pour se garer sur le trottoir, ils ne semblent pas constituer le moindre danger aux yeux des autorités qui les laissent faire impunément !
Pour la majorité municipale actuelle, comme pour la précédente, le code de la rue semble se résumer à une série de règles oppposant cyclistes et piétons, sans jamais remettre en cause l’automobile. Dévoyé, ce code, censé protéger et favoriser les plus faibles, se retourne contre eux... Bref, un rappel prochain des fondements du code de la rue s’impose.
La prochaine vélorution portera donc sur le code de la rue ! À signer, une pétition pour ce code : Manifeste des sans-voie « irresponsables ». Un précédent répressif : La politique anti-vélo du sous-préfet... Sur la place d’Austerlitz : le cahier des attentes de l’AHBAK. Ailleurs : Pour des double sens cyclables à Lyon.